Le pic Pasino 1969 m. Azimut 41.......

Le pic Pasino 1969 m. ( Haut Aragon ).

 

La longue vallée de Téna qui s’étire du col du Pourtalet jusqu’à Biesca, coule le rio Galliego qui s’insinue entre 2 sierras : la Tendénéra à l’est, la Partacua à l’ouest, alimentant au passage les lacs de barrage de Lanuza ainsi que celui de Bubal . Faisant suite après le col frontière, devant soi, on aperçoit le Pic Pasino qui emplit le fond de la vallée. Sommet sans prestige certes, mais bien connu des randonneurs pour le point de vue qu’il procure, car il constitue un belvédère exceptionnel. Il possède une montée bien plaisante sur un sentier bien tracé et peu pentu.

 

Déjà, le soleil bienvenu en cette période, inondait promptement le décor de lumière, irisant les couleurs de la forêt qu’on emprunte et embrasant sommets et versants. Mais, la température était quand même douce en ce dimanche sur les sommets bien dégagés, et le soleil mettait sa touche de lumière sur les vallées de Téna et d’Aguas Limpias. Dans les zones de roches calcaires, la peña Foratata incendiée, s’élevait d’un seul jet solitaire, dominant outrageusement les villages de Sallent de Galliego et de Formigal, ramassant leurs maisons au bord du lac bordé de peupliers. Dans cette lumière matinale, les forêts avaient revêtus leurs plus belles couleurs d’automne.

 

Au sommet du Pasino, la vue se perd sur monts et vallées, et le regard ne sait où se poser tellement le panorama est fantastique. Au nord, le paysage large et bien dégagé est ponctué de nombreux pics connus : l’Ariel, le Palas, le Balaïtous aux guirlandes de neige encore accrochées à quelques parois. Plus près, le pic de Musalès, maintes fois visité, se dresse au-dessus de la vallée d’Aguas Limpias. A l’est, Garmo Négro et pics d’Enfer, forment les sommets les plus élevés dans le secteur de Panticosa, ensemble harmonieux de pics dépassant les 3000 mètres. Les grandes dalles du versant ouest des pics d’Enfer laissant croire à de récentes chutes de neige. Au sud, le regard accroche le spectacle grandiose de la sierra de Tendénéra, grande muraille colorée qui s’étire jusqu’à la vallée de Bujaruélo, dont ses sommets dominent de 1500 m. les eaux du lac de Bubal. Enfermé dans l’ombre de leurs plis, nous ne pouvons apercevoir le village de Hoz de Jaca. Il s’ensuit un profond défilé séparant ainsi la sierra de Partacua à l’ouest, murailles ruiniformes dressées vers le ciel comme des forteresses. La peña Téléra, point culminant, projette ses falaises escarpées au-dessus du lac et du village de Piédrafita. Il y a là un spectacle grandiose de ces 2 sierras aux parois vertigineuses qui emplissent le paysage dont leurs couleurs viennent trancher dans le bleu du ciel.

 

Entre le pic Pasino et celui de Tosquerra, la longue crête que nous venons d’emprunter domine la vallée de Téna, et déroule son panorama durant une promenade débonnaire. Son versant sud en contre-bas, vient baigner sa base dans les eaux sombres du lac Escara. Cette crête est défendue maintenant par un vent tempétueux qui semble ici avoir pris la relève. Au col de Tosquerra, le vent soufflant plus fort, nous abandonnons toute idée d’ascension. Aussi, nous invite t-il à regagner la forêt pour boucler notre circuit. Azimut 41, où une errance dans les sous-bois ! Il s’ensuit une longue descente dans le silence et l’intimité de cette forêt. Seul le craquement du bois mort, le pas feutré amortit par l’épaisseur des feuilles fraîchement tombées, laissant derrière nous, le long sillon de notre passage. Ce silence est-il un doute sur l’azimut 41, ou bien une attention particulière à la marche ? Car parfois sous ce tapis de feuilles et de brindilles mortes dissimulaient avec traîtrise certains passages fangeux où, nous enfoncions hardiment nos chaussures.

 

Le parfum humide de l’humus des sous-bois, nous ramène enfin à l’orée du bois, où nous pouvons apercevoir la piste empruntée le matin. L’azimut 41 était bien crédible ! Devant nous se dresse la terrible face ouest des pics d’Enfer. Plus bas, dans les estives closes inondées encore de soleil, les vaches grassouillettes profitent pleinement de l’herbe encore tendre et des dernières journées automnales. Le tintement des sonnailles qui monte jusqu’aux sommets et envahit les vallées, laisse prévoir que l’hiver ne s’est encore pas installé. Ainsi s’achève une journée pleine d’images de montagnes, de lacs, de vent et de soleil, en levant le verre de l’amitié montagnarde dans une ‘’venta ‘’ du col du Pourtalet.

 

Georges.