Georges, dans le barranco de la Portachia.
Georges, dans le barranco de la Portachia.

La Sierra de Guara : l’essentiel.

Partir plein sud, c’est atteindre une sierra chargée d’histoires, de mystères, de surprises. C’est la garantie du grand beau, du ciel sans nuage. La sierra de Guara est le pays où, au détour d’un chemin, un vieux village déserté, un ermitage, une grotte, ou bien un dolmen, sont là pour raconter leurs histoires, rappeler autrefois la rude vie de ses habitants.

La sierra de Guara, dans la province de Huesca est un décor étonnant, spectaculaire et varié, décor aux arides plateaux couverts de garrigue et d’entailles profondes où coulent les rios : les canyons. C’ est en les parcourant façon randonnée entre biefs et ‘’estréchos’’, cascades ou’’escuros’’que l’on découvre de nouveaux décors fabuleux et inattendus. Du canyon simple, aux canyons ludiques ou

aux canyons sportifs : celui des grandes verticalités.

Ce matin- là, nous avons quitté le Camping du Pont à Alquézar et pris la route d’Arcusa jusqu’au parking du village de Lécina, bien connu pour la descente du rio Véro. C’est de ce point que nous allons parcourir 3 nouveaux canyons. Ce matin-là donc, le soleil a depuis longtemps déchiré les brumes du matin, enlacé de toutes sa lumière toutes ces fragilités, canyons et garrigues ont repris leurs couleurs incendiaires……Après avoir traversé le rio Véro, le sentier que l’on a pris, ce sentier de nulle part, ce sentier que le berger ne suit plus, exhale un parfum de thym, de romarin, de pin méditerranéen, qui revigoré par la rosée matinale accompagne notre marche sous un soleil généreux, pour rejoindre l’entrée du canyon de Basender.

Ici, la sierra a pris du temps, beaucoup de temps pour réunir de quoi séduire : une nature sauvage. Dans le canyon, nous progressons dans un tronçon semi sous-terrain, pour ce qui autrefois était un tunnel haut et large. Sa voûte qui s’est effondrée, laisse dans sa faible largeur entrevoir le bleu du ciel entre la végétation extérieure et le lierre croulant à l’intérieur. Le soleil tamise cette lumière dans le silence et la fraîcheur des immenses cavités qui se succèdent par paliers. L’eau a modelé les roches, créant des arches et des cavités. Il y a là, de grandioses sculptures. L’utilisation de la corde est parfois nécessaire pour progresser. Bientôt, un courant d’air chaud nous annonce la proche sortie de ce boyau débouchant dans une dernière et immense salle. C’est par un dernier rappel de 10 m que nous posons nos pieds sur les galets de la rive droite du rio Véro.

Face à nous, sur l’autre rive du rio Véro, se présente le terminal du réputé et redoutable ‘’Baranco de la Portachia ‘’canyon de la verticalité qui sera notre objectif suivant. Ludique pour certains, impressionnant pour d’autres ‘’Il est cyclopéen, vaste et stupéfiant, le bord fait reculer le chamois défiant’’…….écrivit V. HUGO.

Suspendu comme l’araignée à son fil, J’arrêtais ma longue descente et observais la beauté et l’originalité de cette immense cavité. Les couleurs ocres, écarlates, vertes et bleues, définies par le ruissellement des eaux, semblaient s’harmoniser comme sur la palette du peintre. Chasseurs, peintres du Paléolithique ont-eux aussi approchés ces lieux et observés comme moi ces mêmes couleurs ?

Ces barrancos que nous avons suivis sont des affluents du rio Véro, et pour cela nous remontons une nouvelle fois l’amont de ce rio, passons devant le moulin ruiné. Enfouis dans l’herbe haute, un panneau de bois où l’on pouvait encore lire ‘’como esta ahora ‘’puis plus bas ‘’laissez que tout continu comme jusqu’à maintenant ‘’ A méditer.

Retour vers Alquézar. Sous le pont de las Garguantas, le Fornocal dévoile ses méandres. Il est un charmant petit barranco du nom de Malpaso. De ce mauvais passage, ne subsiste que son nom. Le conglomérat constitue la roche de ce secteur. Son approche et sa descente sont de courte durée. Sa coupe est constitué de plusieurs ressauts nécessitant l’utilisation de la corde ( rappel ). Il est par excellence le canyon initiatique. Au cours de notre progression, nous pouvons contempler les nombreux saxifrages et les ramondias qui font ici heureux ménages, tapissant les parois de ce milieu humide. Figuiers et arbousiers complètent cette luxuriante végétation.

Au retour, le soir, arrêt au col de Caprasio, où nous pouvons observer le soleil couchant illuminer le conglomérat dénudé et ses barrancos. Sa lumière s’enfonce dans les brèches et épouse les rides de leurs contours, et dans cet espace infini, émerge un piton rocheux, surmonté d’un pan de mur : la tour du vieux Al’Qsar. Dans les vapeurs du soir, une légère brise nous enveloppe, dans le lointain, les sierras s’estompent. Bientôt le crépuscule envahira l’envoûtante sierra de Guara. Demain, nous partirons à la découverte de nouveaux canyons…….ou peut-être la visite de l’ermitage de San Martin en randonnée, et pourquoi pas tout là-haut, la grotte ornée de Quisa en passant par les Balsas de Basacol, ou bien…… !

 

Georges.