Le Castillo Mayor 1994 m.

Le Castillo Mayor, sa face sud, 1994 m
Le Castillo Mayor, sa face sud, 1994 m

Le Castillo Mayor 1994 m.

Si le Haut-Aragon attire en nombre les amateurs de canyoning, il offre aussi aux randonneurs un total dépaysement, loin des foules, entre ciel et roche. Mais voilà, ce samedi, hôtels et ‘’habitationès’’ affichaient désespérément ‘’compléto’’. Après avoir repassé le tunnel de Bielsa, c’est un peu avant le village de St Lary que nous avons trouvé miraculeusement un hôtel qui était sur le point de tirer le rideau. Sauvé !

Retour à Escalona , carrefour des canyons et des randonnées, le lendemain matin pour l’ascension du Castillo Mayor 1994 m. Faisant face à la Péña Montanesa à l’est, le Castillo Mayor lovait nonchalamment, ce matin- là, son sommet en forme de ‘’molaire’’ dans une écharpe de brume. C’est par le village Puertolas à 1200 m sur la route qui conduit à la vallée de Vio, celle qui vous conduit au PN du Monte Perdido, que situe le départ de notre randonnée. Le chemin empierré suit un solide muret, vestige du labeur de générations de paysans qui faisaient vivre vallées et villages. aujourd’hui, nombreux sont les villages abandonnés, tel Escuain, et seules les prairies en terrasses témoignent d’une longue histoire agricole.

Le sentier est bien tracé, sans balisage particulier, hormis des cairns qui par moment, ont tendance à proliférer de façon anarchique. On chemine tantôt à couvert, tantôt à flanc de montagne au milieu des buis, et le regard embrasse alors la vallée d’Ainsa, ses lacs à perte de vue et la Peña Montanesa qui, majestueusement, semble veiller sur les villages environnants.

De raidillons en replats ; on atteint ainsi un col, ou plutôt l’entrée de cette ‘’molaire’’ où nous attendaient dans un parfait alignement 5 ou 6 chèvres sauvages. A notre vue, elles disparaissaient du paysage. Dans ce replat, un gros tas de pierres , pour ce qui était une bergerie et à coté, une marre où croupissait une eau bien peu attirante. C’est là que nous posions nos sacs un court instant. En face de nous, plein nord, un poteau signale le sommet du Castillo, nous choisissons l’itinéraire le plus judicieux pour l’atteindre. Ce n’est certes pas le plus court, mais il sera le moins pénible : un grand arc de cercle vers l’est en montant et longeant le bord de l’arête, pour revenir plein ouest sur le sommet. De notre col, le Castillo laissait apparaitre une ligne de crête horizontale, et d’un blanc qui de loin, laissait penser qu’ un enduit lisse avait recouvert la roche. De loin, car de près le roc était rugueux sous la paume et s’il constituait pour les mains un appui ferme et fiable, il laissait en souvenir maintes écorchures.

Se venge-t-il ainsi des passages répétées de nos chaussures souillant d’une trainée brunâtre, la blancheur de son manteau ?. Seuls quelques arbres pour rompent une harmonie minérale s’étendant tout au long d’une barre rocheuse, dominant d’une hauteur impressionnante la vallée de Tella au nord. Du sommet du Castillo, le Grand et le Petit Sestrales semblaient à portée de main et l’on pouvait apercevoir dans la rondeur du paysage, tranchée brutale, l’entrée du célèbre canyon d’Anisclo, d’où, au cours d’une ancienne randonnée, nous avions mis 6 heures pour atteindre la célèbre fontaine de FONT BLANCA. Le Monte Perdido et Las Très Marias, ce jour- là, sont restés dissimulés entre brume et nuages…..

Nous n’avons pas fait le tour du Castillo, mais ‘’plongé ’’droit sur la bergerie en ruine en louvoyant parmi les pierres. Retour sans problème jusqu’aux voitures pour ensuite aller visiter le village de Bestué que l’on voyait de là-haut. La vie semblait renaître à voir le nombre d’habitations en cours de rénovation, une auberge avait ouvert ses portes et les clients étaient nombreux à la terrasse. C’est à Bestué que nous avons clôturé cette splendide journée aragonaise.

Georges