Le désert des Bardénas Réales (Navarre )

Le désert des Bardénas Réales.

 

Lorsqu’on se rend dans les Bardénas Réales en Navarre, on ne peut que réaliser l’ascension de 2 massifs audacieux et imposants que sont Pisquéra et El Rallon, forteresses aux parois de terre. Après avoir laissé nos 2 voitures au km 6,1 de la Cheminée de Fée sur la piste du Polygone de tir, une longue marche nous conduit au nord-ouest de Pisquéra. À l’ouest, un chainon, véritable montagne de terre. Mise en mémoire de tout ce curieux relief, de tous les détails au fur et à mesure de notre avance. Maintenant, nous nous trouvons à l’entrée du barranco. L’aventure est à l’entrée de cette immence porte. On avance au gré de notre imagination dans un relief raviné et tourmenté. Nous progressons en laissant à gauche la base ruinée de Pisquéra, cernés de hautes falaises de terre , le paysage est hallucinant. Nous sommes transportés dans un autre monde, un monde labyrinthe, où nous avons l’impression d’y être prisonniers. Ceci, est une véritable initiation à l’orientation, mais aussi une invitation au voyage dans un univers sauvage où la beauté des lignes que soulignent les ravins est à la hauteur d’un rêve. On s’élève sur une des innombrables arêtes de terre, comme sur un belvédère, qui se présente devant nous, car on ne peut faire autrement que de grimper afin de repérer un itinéraire qui nous sortira de ce labyrinthe .On reste stupéfait, ce n’est pas un rêve, le paysage est bien réel.

Il semble dessiné puis sculpté d’une main de géant que vient souligner la magie des ombres et de la lumière. nous dessinons du doigt en cherchant dans ce dédale de couloirs celui qui nous conduira à la sortie. C’est avec prudence que nous descendons dans le ravin, univers de terre, paysage magique. Mais le ‘’ fil ‘’que nous avons repéré à la sortie. On serpente dans ce ravin étroit, où l’on pourrait presque toucher les parois, on suit, on se laisse conduire. Le ravin s’élargit, le bleu du ciel apparait infini, voilà le débouché du ravin. Quelle incroyable traversée. Tout devient si simple maintenant. Au fond du barranco, nous empruntons un escalier en béton qui autrefois conduisait à un mirador militaire. Celui-ci a souffert de l’érosion et n’assume plus sa fonction, en partie effondré, c’est avec beaucoup de prudence que nous avons atteint cette guérite. Une courte ascension nous a permis de déboucher sur la ligne de crête où nous avons à notre gauche la base de Pisquéra (Cabesa del Nino ). Le temps pressant, nous négligeons son ascension pourtant si proche ( * ) et optons pour une gastro-pose (* ) avant l’ascension del Rallon. On se dirige vers le col de la Cañada Réal ( grande voie de transhumance )que nous avons repéré. Les terrains sont cultivés (très pauvrement), aussi faut-il louvoyer entre champs et le bord de la falaise que nous suivons. Le spectacle n’en est que plus grandiose. Les Bardénas sont à nos pieds. Bientôt, on surplombe le Cirque du Rallon, tel au fond les douves d’une puissante forteresse. Une curieuse et stupéfiante arête de terre toute bosselée, conduit dans le fond. Descente impressionnante, voire dangereuse pour ceux qui voudraient raccourcir le circuit. La progression nous conduit au col sur la piste de la transhumance, que maintenant nous suivons pour entrer dans un défilé aride au décors désertique, brulé par le soleil entre la base du Rallon et de l’Angarillonès, montagne ruiniforme. Le conte H.Russell aurait écrit « c’est le nec de la désolation ! »Nous abandonnons la Cañada Réal, pour prendre à notre droite un large sentier ou plutôt une piste, où, toute droite nous conduit au sommet du Rallon, vaste plateau synclinal dont nous en épousons le contour. Au point le plus haut, le regard devient circulaire, et nous prenons notre temps pour contempler les Bardénas Réales, où dit-on est le plus beau belvédère. J’en suis convaincu !

 

Georges.

 

(*) Cette randonnée a été improvisée en cette belle journée ensoleillée de dimanche. Le samedi après-midi fût consacré à la visite des Bardénas, au départ de l’ermitage de Notre Dame del Yugo, longue randonnée jusqu’au Castillo de Peñaflor, perché sur un socle rocheux. Retour le soir à Tudéla où un gîte d’étape avait été réservé tout prés de la grande place. Au rez de chaussée , le bar-restaurant diffusait sa musique alors que les nombreux clients consommaient dehors bruyamments jusqu’à des heures tardives. L’ambiance espagnole. Toujours est-il que ce dimanche matin notre surprise fût désagréable, lorsque ma voiture fût délestée des trois sacs de montagne, chaussures, bâtons, les casse-croutes, ainsi que mon appareil de photos étanche pour canyons, et ceci sans aucune effraction. Une partie de la matinée fût passée au commissariat pour dépôt de vol. Ce dimanche donc, nous devions faire l’ascension du pic Moncayo dans la sierra du même nom en passant par Tarazona. Tout le groupe est parti sans nous, à notre grand regret. Voilà la raison de cette improvisation, dont on a pas voulu rentrer en France sans avoir connu les Bardénas Réales.