La montagne verte et le Lazive le 3 avril 2015

La Montagne Verte 1174 m.   Elle porte bien son nom de Montagne Verte. Ces pâturages restent toujours bien verts, même en été, de nombreuses sources y jaillissent de ses flancs. Son quartier de granges au sommet et les douces formes arrondies de sa crête contrastaient avec la rigueur des montagnes environnantes enneigées. Ce jour-là, l’endroit offrait un panorama sur la vallée et le village des Eaux Bonnes ainsi que les pics altiers  de la station de skis de Gourette. Depuis la dernière et plus haute bergerie 1200 m, la rude montée jusqu’au sommet du Lazive 1443 m, nous a permis de contempler, à nos pieds l’habitat pastoral dispersé au milieu des murets de pierres sèches de la Montagne Verte. Au nord, la longue crête enneigée d’Andreyt faisait suite au soum de Grum 1870 m qui ensuite venait s’abaisser au col d’Aubisque 1703 m. Sur le plateau du Lazive, quelques plaques de neige faisaient encore de la résistance. Sur son versant nord, une jolie petite cabane toute proche, enfouie encore dans les dernières neiges laissait entrevoir sa couverture d’ardoises. Une épaisse fumée due à un écobuage nous empêchait de voir au sud la suite de ce paysage encore enneigé. Jean-Louis, Martine, Maïté, marchant loin devant disparaissaient de notre vue derrière ce mur de l’invisible. L’ordre de replie fut donné par quelques coups de sifflets stridents. Il aurait été dangereux et inutile de poursuivre la progression vers le col de La Cure 1500 m environ. Cette petite cabane pleine de charme qui semblait nous inviter, aurait été le lieu idéal pour notre pause casse-croute, mais c’était sans compter à cette indésirable fumée qui n’appréciait pas notre intrusion. Retour sur nos pas et descente à la Montagne Verte au point côté 1200 m, à cette bergerie où nous avons marqué une pose en montant. Celle-ci a un passé, une histoire, car de plus, elle a la particularité d’être exposée plein sud dont le soleil vient baigner sa façade et rehausser les couleurs des jonquilles qui semble être plantées avec soin par la main de l’homme à deviner la disposition et la quantité. Elle est la seule à posséder table et bancs. Quelle joie, quel bonheur de manger assis face à ces grandioses paysages ! Au fond de la vallée , Eaux-Bonnes exposait ses grands hôtels anciens, victimes d’une époque révolue, son jardin public, son casino, ainsi que la célèbre Promenade de l’Impératrice. Sur le versant nord, deux grandes cicatrices dans la forêt : la Coume de Balour qui permet de rejoindre Gourette, le vallon de Gourziotte que les bergers empruntaient conduisant au Signal du Gouzy, et permettant de rejoindre aussi le village des Eaux Chaudes. Les randonneurs eux, bifurquaient vers le pic du Gourzy dont on pouvait apercevoir son sommet 1917 m. Cette cabane donc où nous sommes assis, appartenait à Perrine Gaston Sacaze, né d’une famille de berger au hameau de Bagès 1797/1893. Ce personnage a marqué une époque et tout un village. C’est en gardant son troupeau que « Gastou » découvrira la nature et deviendra une référence en botanique, s’intéressera aux plantes pour usages médicinaux et vétérinaires. De nombreux scientifiques se rendront à Bagès pour le rencontrer. Le curé du village lui apprendra le latin et le grec. Il composera et écrira des textes en Gascon. Il restera de lui, une fleur endémique des rochers calcaires Pyrénéens : le gremil de Gaston. L’heure étant à la descente, nous décidons de revenir en circuit en contournant la Montagne Verte. Une large piste pastorale descendait au hameau de Bagès en 3 km (panneau jaune ). Au cours de cette descente, nous avons pu observer de nombreuses granges ou bergeries soigneusement réhabilitées en résidences secondaires. Dans le fond de la vallée au nord, un seul habitant occupe le hameau de Listo : le chevrier. Ce hameau avait été déserté suite à une avalanche qui emporta  neuf habitants. Sa piste qui continue vers le col de Louvie, dont on voit l’itinéraire, laisse à sa gauche une piste montant au Plaa d’Auzu (cabane pastorale ouverte) dont son pic 1514 m laisse découvrir la vallée de Laruns aux randonneurs tentés par son ascension. Voilà enfin le hameau de Bagès, 1h 30 de descente pour 3 km, chercher l’erreur !!!!!!!! son lavoir, ses maisons typiquement Ossaloises, son chemin ancien appelé « Lou Cami Bieih » qui autrefois descendait au village de Béost. Aujoud’hui , les Amis de Gaston l’ont transformé en jardin botanique. Nous quittons Bagès pour rejoindre le village de Aas vers le sud, exposé à la solane .Une route goudronnée monte, tourne et monte encore de lacets en interminables lacets dont je n’en vois pas la fin. Je marche seul pour avoir été volontairement distancé, de plus, sous un soleil généreux. Guy, Jean-Louis ayant accéléré le pas pour récupérer le véhicule laissé à 1,5 km au-dessus de Aas, point de départ de notre randonnée. Au sommet d’une côte, un clocher émerge des bois, voilà enfin le village de Aas….. ou presque. Encore quelques centaines de mètres. En face d’un lavoir, point de rendez-vous, quelle fut ma surprise de reconnaitre assise sur un banc public à l’ombre d’un marronnier Martine qui m’attendait. Jean-Louis, Maïté Guy qui devaient nous récupérer, n’étaient point au rendez-vous. L’attente devenait inquiétante, et Maïté ne savait où ils se trouvaient. En attendant leur retour, je vais vous dire que ce village de Aas était connu bien au-delà des Pyrénées, car il avait la particularité d’être le village des siffleurs. Siffler était une façon de communiquer entre eux d’une montagne à l’autre. Du signal du Gourzy à la Montagne Verte ou au Plaa d’Auzu etc… Avec un doigt ou deux dans la bouche, les siffleurs se faisaient comprendre suivant un code bien défini. Aujourd’hui, Ils ont disparu, les téléphones ayant pris la relève. Des pays utilisent encore ce mode de communication. Voilà enfin nos trois randonneurs, et de plus tout ruisselant de sueur. Ils s’étaient tout simplement perdus…….. dans le village. Ne  le dîtes surtout pas à personne, c’est juste entre nous !!!!!!!!!